Le propre de la démocratie est le débat et le choix. Les valeurs et les normes qui les concrétisent sont nées d’une confrontation de points de vue et d’un consensus issu du vote majoritaire. Ce processus légitime la loi. Par quelle autre voie obtenir l’adhésion aux valeurs républicaines alors que d’autres systèmes de valeurs leur sont opposés ? La seule transmission des connaissances ne peut suffire. Il est alors nécessaire de construire et d’exercer au quotidien le jugement autonome des élèves, un jugement autonome qui les aide à questionner leurs représentations et préjugés familiaux et/ou communautaires. Il faut aussi entendre ces représentations premières pour mieux les soumettre à l’épreuve de la raison. L’enseignement moral et civique ne se fera donc que par l’argumentation, construite sur une information rigoureuse et une connaissance approfondie, et le débat éclairé, premières formes d’engagement citoyen. Il se fera aussi par l’examen de situations concrètes ancrées dans les préoccupations et la réalité de nos élèves. La vie scolaire et ses problématiques (mixité, laïcité, discriminations, citoyenneté lycéenne…) offre un terrain privilégié pour aborder certaines thématiques des programmes et initier des actions au sein des établissements.
Enfin l’EMC ne réussira pas seul. Insistons ici sur notre capacité à cultiver l’esprit critique des élèves dans nos disciplines lettres/histoire-géographie. En quoi une analyse documentaire qui se limiterait au seul relevé d’informations favorise-t-elle l’approche critique d’un support dont les mérites sont sa portée et ses limites ? Quelle ambition culturelle pour les élèves si la lecture des œuvres littéraires se limite à quelques pages ne servant qu’à des collectes d’informations et exercices mécaniques ? Tout professeur gagne toujours à redoubler d’imagination pédagogique pour accrocher les élèves à la culture, qui, comme le jugement critique et la connaissance scientifique, est un rempart à tous les extrémismes. Là sont sans doute quelques-unes des ambitions pour les élèves dans nos disciplines. La faculté de raisonnement mérite d’être stimulée en permettant à chaque élève de développer, à l’oral comme à l’écrit, une pensée autonome nourrie des savoirs travaillés en cours. La capacité à porter un jugement éclairé sur nos valeurs républicaines est indissociable d’une formation de l’esprit par nos disciplines humanistes.
A ces conditions, nous contribuerons à éduquer des citoyens convaincus de la force de nos valeurs et prêts à les porter et les défendre.