Un projet

Acte autour du corps

LE CONSTAT DE DEPART

La rentrée 2024 s’est avérée particulièrement difficile concernant le comportement des nouveaux entrants (manque de savoir-être). Forts de ce constat effectué aussi bien par l’équipe de direction que par les équipes pédagogiques, la nécessité d’un travail sur les compétences psychosociales au sein du lycée Louise Michel s’est imposée.
En tant que professeure de lettres-histoire et professeure référent-culture j’ai proposé à la proviseure de l’établissement, Madame Queyraud de monter un projet Acte (projet artistique et culturel) autour de l’expression du corps. Quoi de mieux pour des adolescents souvent mal dans leur peau qui ont du mal à supporter le regard des autres qu’un travail d’expression corporelle pour travailler la conscience de soi, la gestion de ses émotions et de son stress ?

UN PROJET EN TROIS TEMPS

Pour mettre en œuvre ce projet j’ai recruté deux compagnies de théâtre de proximité : la compagnie Zefiro située à Rueil-Malmaison et la compagnie Théâtraverse basée à Courbevoie.
Cinq classes de seconde et une de troisième prépa-métiers ont bénéficié de 6 semaines d’ateliers de deux heures chacune soit douze heures d’atelier d’expression corporelle. Ces ateliers avaient pour but de s’exprimer en public et de bouger. La difficulté pour certaines classes était de se concentrer, d’écouter les autres, faire preuve d’empathie : pas si simple !

En parallèle à ces ateliers, les élèves se sont rendus à la maison de la musique de Nanterre pour y découvrir un spectacle de danse contemporaine. Trois classes ont apprécié le travail d’une jeune compagnie : la Wild Company qui proposait un spectacle intitulé « AD » et deux autres classes ont profité du spectacle de fin d’études des élèves du Conservatoire de Paris : « Une Fabrique de la danse ». Il était intéressant pour les élèves de voir d’autres jeunes un peu plus vieux qu’eux dans la maîtrise totale de leur corps et qui vont en faire leur métier. Découvrir l’autre, expérimenter la différence à travers un parcours d’études différent me paraissait enrichissant même si les élèves n’ont pas pu échanger avec les danseurs. Les spectacles ont été appréciés par les élèves qui pour la plupart ne connaissaient pas ce style de danse.

Par ailleurs, un atelier de hip-hop a été proposé à chaque classe avec une artiste vénézuélienne Adrianna. Pas si évident que cela : quitter son manteau, bouger devant les autres, accepter le regard des autres. Il a fallu faire face à de nombreuses réticences !

Enfin, les élèves ont assisté à la représentation d’une pièce de théâtre proposée dans l’amphithéâtre du lycée Joliot-Curie et interprétée par un des intervenants lors des ateliers. Laurent Seyral, de la compagnie Zefiro, a interprété un seul en scène Dans Dernier Rivage de Daniel Keene, mis en scène par Raphaël Branciotto. il y joue Ringo, un enfant soldat, qui au terme d’un long voyage, vit désormais dans un jardin public. Pas si simple de suivre une histoire pendant une heure sans bavarder, sans sortir son portable, pas facile de comprendre et de faire preuve d’empathie !
Le choix de la pièce a été motivé par le lien avec le programme de français en seconde dont une séquence est consacrée à l’autobiographie « Devenir soi : écritures autobiographiques » tout comme en troisième avec la séquence « Se chercher, se construire ».

UN PREMIER BILAN POUR ENVISAGER UNE SUITE

Dire que ce projet est un succès éclatant serait faux. Certaines classes ont été difficiles à encadrer, néanmoins les élèves ont découvert la danse contemporaine, l’expression du corps dont une des finalités peut être le théâtre. Il a permis aux élèves de travailler, de rencontrer des comédiens et danseurs, de voir des spectacles, de s’ouvrir sur un monde trop souvent méconnu. Beaucoup d’élèves m’ont révélé n’avoir jamais assisté à une représentation théâtrale. Dans le meilleur des cas lorsqu’on évoque le théâtre en classe, le seul auteur qu’ils sont capables de citer est Molière.
Ce projet n’aura de sens que s’il peut être poursuivi l’année prochaine. Des ateliers théâtre seront alors proposés à 2 classes et un projet de web radio sera instauré avec les classes récalcitrantes qui sont les classes de vente. Une ou plusieurs sorties seront prévues au théâtre pour une ou des représentations, la visite de l’Opéra-Comique avec lequel je travaille régulièrement très certainement.
À la fin de la deuxième année, il sera certainement possible de réaliser un bilan plus conséquent de ce projet.

LE MOT DE LA FIN

Ouvrir les élèves à des pans de la Culture auxquels ils ne sont pas familiers n’est pas simple tout en essayant de développer chez eux des compétences psychosociales (la conscience de soi, la gestion du stress et des émotions, savoir communiquer efficacement et avoir de l’empathie pour les autres). Un challenge passionnant pour les équipes pédagogiques !
Katia Boulay (enseignante de lettres-histoire, lycée Louise Michel)

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