Serious game : un puissant vecteur de concentration

, par Alexandre Baron

Qu’est-ce qu’un serious game ?

Le serious game est une application informatique qui crée un univers réaliste permettant à l’utilisateur d’expérimenter par essais-erreurs sans craindre des conséquences qui pourraient s’avérer graves dans la réalité.
Il partage beaucoup avec l’univers du jeu. Il s’agit, en effet, dans tous les cas, d’activités libres et fictives. Libre, au sens où le joueur peut cheminer librement dans la limite des règles et contraintes imposées. Fictive, au sens où le joueur a conscience qu’il se situe en dehors de la vie réelle. Il expérimente une réalité alternative.
Quel est l’intérêt du serious game ?
Le jeu vidéo : un environnement favorable au flow
Les joueurs sont capables de passer quotidiennement un temps considérable devant les jeux vidéo. Pourquoi ? La réponse réside dans le fait que ces derniers sont des environnements où les utilisateurs connaissent facilement cet état mental mis en évidence par le psychologue hongrois M. Csikszentmihalyi, connu sous le nom de flow.
Le flow est un état de concentration intense où l’individu se sent complètement absorbé par ce qu’il fait. C’est comme si le flot d’une rivière le portait presque sans effort vers l’objectif donné. Il perçoit alors cette activité comme particulièrement plaisante et atteint une productivité optimale. Lorsqu’il est atteint, le flow génère une sorte de bulle où le temps se trouve altéré : par exemple l’individu peut passer deux heures de suite dans cet état tout en ayant l’impression qu’il ne s’est écoulé que dix minutes depuis le début de l’activité.
Sept caractéristiques décrivent le flow :
 L’individu est totalement concentré ;
 Il a des objectifs parfaitement clairs ;
 Il réalise une activité qui lui semble plaisante car son habileté est parfaitement ajustée à la difficulté de l’activité ;
 Rien dans l’environnement ne peut le distraire ;
 Il ressent une perception de contrôle si total sur l’activité qu’il sait à l’avance ce qui va se produire ;
 Il est capable d’anticiper la moindre de ses actions ;
 Il n’a plus la notion du temps.
Du jeu vidéo au serious game
Qui ne rêverait pas de réunir ces mêmes conditions lors des apprentissages scolaires ? En effet, imaginons un instant qu’il soit possible de générer le flow pour apprendre le français, l’histoire ou la géographie, les avantages d’un tel état sont évidents pour n’importe quel apprentissage.
Dès lors, on comprend pourquoi, au début des années 2000, certains chercheurs et concepteurs se sont mis à rêver d’une utilisation scolaire des jeux vidéo. C’est dans cette perspective que les premiers serious games sont apparus.
Qu’est-ce qu’un bon serious game ?
Un bon serious game est capable de provoquer chez l’utilisateur l’état de flow. Pour cela, il doit posséder trois caractéristiques.
Premièrement, le défi qu’il propose ne doit être ni trop élevé ni trop faible et placer le joueur face à une activité où ses compétences ne sont ni sous-, ni surévaluées. Il faut un équilibre parfait entre la difficulté et ses compétences. Si le niveau est trop élevé, il provoque de l’anxiété, s’il est trop faible, de l’ennui.
Deuxièmement, le défi doit être évolutif pour accompagner le joueur, car s’il n’est pas en mesure de s’adapter rapidement il devient ennuyeux. Pour relancer sans cesse l’intérêt du joueur, le jeu doit proposer des objectifs à atteindre toujours plus difficiles.
Troisièmement, l’univers du jeu doit susciter intérêt et curiosité car cela encourage l’exploration et stimule la compréhension.
Présenté par Alexandre Baron
_LPO M. Yourcenar, à Morangis

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