L’introduction du programme de Français du Baccalauréat professionnel (BO spécial n°2 du 19 février 2009) précise que « dans une perspective d’une poursuite d’études vers l’enseignement supérieur, l’enseignement du français assure la préparation aux exercices attendus dans la suite du cursus (…) ». Mais à ce jour nous connaissons encore trop souvent les difficultés qu’éprouvent ces étudiants, notamment les premiers mois de leur formation. Certains d’entre eux décrochent ou se « crashent » et le passage en section de BTS se finit en un échec dommageable pour eux et pour le système, mais plus encore pour notre pays qui a besoin de jeunes gens de plus en plus et de mieux en mieux qualifiés. Il semble donc indispensable pour les aider à mieux se préparer à cette poursuite d’étude de réfléchir aux compétences et connaissances attendues en Section de Technicien Supérieur en regard des exigences du Baccalauréat professionnel et d’analyser les difficultés qu’ils rencontrent. Notre pré-requis sera bel bien de s’emparer de manière renouvelée de la questions portant sur les corpus au cours du cycle menant au Bac. Pro. pour faciliter par-là la réussite en STS.
Le BO n°47 du 21 décembre 2006 rappelle que le but de l’enseignement du français en STS est de donner la culture générale nécessaire aux candidats dans leur vie professionnelle ainsi que dans leur vie de citoyen et d’améliorer leur communication pour la rendre plus efficace. Des enquêtes récentes nous indiquent que oui nos élèves de STS venus de la voie professionnelle travaillent, lisent, réfléchissent, s’expriment, écrivent mais qu’ils attendent de l’enseignant de l’aide, de l’accompagnement. Ce soutien leur parait naturel puisqu’ils l’ont connu en Baccalauréat professionnel. Nos élèves qui poursuivent en STS peuvent réussir. De plus en plus d’entre eux démontrent chaque jour qu’ils peuvent réussir.
« La culture générale » est travaillée par la lecture de textes et documents divers (presse, essai, œuvres littéraires, documents iconographiques, films). Le professeur de lettres-histoire-géographie-EMC est le mieux à même de porter une telle exigence de par sa polyvalence. Elle aborde les questions d’actualité et du monde contemporain telles que des questions de société, de politique, d’éthique, d’esthétique… L’objectif est de créer une culture commune, de développer la curiosité et le sens de la réflexion. Les thèmes développés sont au libre choix du professeur en première année mais sont imposés et publiés au BO en deuxième année. Par exemple pour la session 2017, sont traités les thèmes suivants : « L’extraordinaire » et « Je me souviens ».
Pour l’ « expression », il s’agit pour les candidats de maîtriser des capacités, des techniques d’expression écrite. Cela suppose une connaissance de la langue donc du vocabulaire et de la syntaxe mais aussi des aptitudes à la synthèse, à savoir prendre en compte la pensée d’autrui et à exprimer la sienne.
Pour ce faire nous nous devons de mieux consolider les compétences en jeu dans les exercices de synthèse du baccalauréat professionnel (question portant sur un corpus, par exemple) et de montrer, par certaines pratiques, des méthodologies qui œuvrent en ce sens et que nous recommandons dans le quotidien de nos cours depuis la seconde professionnelle jusqu’au bac. Rappelons une évidence : bien se préparer pour les épreuves de Baccalauréat, c’est bien se préparer à l’entrée en STS. Nous ne préparons pas tous nos élèves au BTS mais nous avons la responsabilité de les préparer au Baccalauréat. Notre travail consiste à les y mieux préparer.
On ne peut effectivement pas demander aux étudiants de première année de STS de maîtriser des exercices proposés lors des épreuves de BTS, à savoir la synthèse et l’écriture personnelle. La première partie de l’épreuve consiste ici à rédiger une synthèse objective en confrontant les documents fournis par le sujet. Quant à la deuxième partie, elle demande de répondre de façon argumentée à une question relative aux documents proposés en synthèse et à ceux étudiés dans l’année en cours de « Culture générale et expression ».
Plusieurs de nos finalités se doivent d’être vraiment réfléchies et mises en œuvre de manière progressive et assumée : « Entrer dans l’échange écrit », « Devenir un lecteur critique et compétent », « Confronter des savoirs et des valeurs pour construire son identité culturelle ».
Ecrit-on assez ? Parle-t-on assez ? Echange-t-on assez ? Lit-on assez ?
Un de nos objectifs, en lycée professionnel notamment, est de modifier le rapport qu’entretiennent les élèves avec l’écriture. Ce moment est souvent pour eux douloureux, ils se sentent incapables de produire quelque chose de correct, de lisible et ne comprennent pas l’utilité d’écrire au-delà de la simple communication « utilitaire ». Les écrits de travail, les écrits préparatoires, les exercices liés aux exercices des examens sont mal placés, mal entrainés, mal « méthodologisés » …
Pour les aider à franchir cette nouvelle étape, la production écrite doit être régulière, variée, dédramatisée. Chaque séance devrait être l’occasion de faire écrire les élèves. Ces écrits peuvent prendre des formes diverses. D’abord l’écriture peut être de travail : la prise de notes, le journal de séquence, le résumé, la synthèse… Ces écrits aident les élèves à organiser leur pensée, à mieux apprendre, à classer, à sélectionner, à hiérarchiser. Mais on ne fait plus de travail sur ces écrits de travail. Réaffirmons ici : les années lycée sont celles de la prise de notes ! Encore faut-il faire quelque chose de ces notes avec les élèves.
Mais l’activité peut aussi prendre la forme ou d’une écriture d’argumentation dont les exigences seront progressives de la classe de seconde à la classe de terminale. Nous vous conseillons de nouveau de relire le document d’accompagnement sur l’argumentation en bac pro toujours en ligne sur Eduscol.
Pour faire progresser les élèves, il est essentiel de leur faire prendre conscience que l’écriture est un long processus qui nécessite des réécritures. Inspirons-nous de nos pratiques en CAP et envisageons, dans la phase de formation de nos élèves, plusieurs étapes à l’écriture (écriture – réécriture), apprenons-leur à reprendre leurs écrits, à les améliorer. D’ailleurs ces pauses offrent l’opportunité de travailler la langue (la syntaxe, la cohérence, la ponctuation), le lexique (le mot juste). Parallèlement à ce type d’écriture, habituer nos élèves à prendre des notes pendant le cours, lors d’un travail sur un document ou encore à pratiquer l’écriture personnelle (l’écriture pour soi pour mieux comprendre, pour mieux raisonner par exemple) participe à développer leur autonomie. Enfin lire des écrits de toutes natures avec méthode et rigueur doit aider nos élèves à en saisir les caractéristiques et à se les approprier : on ne lit plus assez d’essais, on ne propose plus assez de lectures cursives, on ne met pas les lectures scolaires en réseaux, on ne propose plus assez aux élèves d’abonder des corpus…
Les cours de Français bien sûr mais aussi d’Histoire-Géographie et d’EMC sont le lieu de ces apprentissages. En effet, les programmes d’Histoire-Géographie et (BO spécial n°2 du 19 février 2009) ou d’EMC insistent sur les différentes capacités que les élèves doivent acquérir tout au long de leur cursus en Baccalauréat professionnel. Par exemple, nous devons aborder le récit, la description, la caractérisation, la présentation synthétique, la rédaction d’un texte organisé, respectant l’orthographe, la construction des phrases … Ainsi les pratiques de l’oral et de l’écrit doivent être fortement présentes dans nos enseignements. L’EMC est aussi un magnifique laboratoire à échanges, à construction de savoir par croisements et hiérarchisation, à argumentation, à clarification, à justification, à explicitation, à précision, à délibération…
Lors de nos journées départementales de formation, nous avons pu vous proposer deux ateliers :
– Atelier A : de la nature des corpus en bac pro et des méthodes pour « travailler en corpus » et « travailler sur corpus ».
– Atelier B : du corpus à la synthèse au BTS, quelles méthodologies possibles pour réussir l’étape de synthèse ?
Certains collègues (Ghislaine de la Chaise-Thibout, professeure au lycée C. Claudel de Mantes et Erik Besson, professeur au lycée Corneille de La-Celle-Saint-Cloud) ont bien voulu travailler sur ces questions et nous proposer exercices et réponses pratiques/méthodologiques. Leur expérience croisée en Terminale Bac Pro et en STS sont un sérieux atout pour nous aider à travailler ensemble les liaisons, les cohérences, les logiques, le continuum.
Vous trouverez ici en annexes :
- Le diaporama 1 initiant réflexions, définitions et mises en pratique sur les corpus en classe de bac pro ;
– Le diaporama 2 initiant réflexions, définitions et méthodologies sur la question de synthèse en CGE ;
– Les critères attendus à l’épreuve de CGE du BTS.
Nous pouvons progresser et faire progresser, nous pouvons réussir cette belle entreprise.
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles… » Sénèque
Pour ce faire rappelons-nous Gilbert Cesbron : « Il est souvent nécessaire d’entreprendre pour espérer et de persévérer pour réussir ». Et pour cela revenons à Nikos Kazantzakis inspiré par Aristote : « Nous sommes ce que nous faisons tous les jours (ou traduit parfois par : régulièrement). »
B.G., avril 2017