Avons-nous aussi parfois notre mot à dire dans nos classes ? Ici nul jeu de mots, mais l’urgent désir de ne jamais taire, jamais se taire, pour que les maux cessent.
Poésie et exil ont partie liée et n’en finissent jamais de nous dire l’essence et l’essentiel. Les guerres, les génocides, les violences du départ et celles des déplacements forcés, les exodes, les errances, les déportations sont de toujours les sources des voix les plus nécessaires.
Les poètes sont dans le monde et ont aussi des choses à dire et à nous dire quand on parle du pays que l’on a dû quitter, nos très chers pays. Leurs chants disent la blessure, la faille, l’émotion, le manque, la douleur et aussi l’espoir, l’identité, l’être intime que d’autres que soi peuvent comprendre, ces compatriotes du cœur. L’exilé n’est pas un étranger, ni un étrange mais un insoumis dans lequel nous nous reconnaissons, même quand le pays que nous regrettons tous un jour n’est parfois que celui du dedans.
Ce que nous disent aussi les vers de tous ces poètes du monde, c’est que l’exil ou le martyr ne réduisent jamais au silence et que la langue, en sa substantifique essence, est plus forte que les coups. L’infraction de la langue dans la langue sait aussi donner force, courage, sens, beauté. « L’exil est un aller-retour sur la langue… » (Camille Meyer) dans lequel il arrive au poète de prendre la langue de ses pères ou celle de l’Autre. Un enrichissement, un émerveillement, un déplacement. Toujours.
Pour aider, parfois, nos élèves à mieux saisir les enjeux de certaines voix urgentes et nécessaires, de celles qui parviennent à dire l’indicible, nous vous proposons une courte sélection de textes à lire, à dire, à vivre.
POESIE ET EXIL Anthologie de l’espoir
« Les plus désespérés sont les chants les plus beaux Et j’en ai d’immortels qui sont de purs sanglots. »
Alfred de Musset, La Nuit de Mai, 1835