L’ART CONTEMPORAIN DE A À Z

, par Estelle Grébonval

Objectif : Enrichissement du lexique

Objet d’étude : Des goûts et des couleurs, discutons-en

Classe : Seconde bac pro MELEC

Démarche proposée par Estelle GREBONVAL suite à un travail en collaboration avec Stéphanie Chapelain, Lycée Auguste Escoffier, Eragny

Application : Wordart (création de nuages de mots)

Durée : 2 à 3 heures

La démarche

Le programme de Lettres en Bac pro met un accent particulier sur le travail lexical et l’enrichissement du vocabulaire des élèves. Le niveau de langue influe directement sur les résultats scolaires. L’enseignement du vocabulaire est donc primordial. Je trouve intéressant d’en faire un rituel que l’on peut amorcer lors du lancement d’un objet d’étude puis filer tout au long de la séquence. En effet à chaque objet d’étude est associé un réseau lexical qui va de mots usuels (dans le cadre de l’objet d’étude ici travaillé : le goût / le jugement) qui sont le plus couramment employés mais aussi les plus polysémiques à un lexique thématique (dans le cadre de cette séquence celui de l’art contemporain) qui va permettre de parler précisément du sujet abordé.

Cette approche est inspirée des travaux de Jacqueline Picoche, linguiste, auteur du Dictionnaire du français usuel. Elle définit 4 principes principaux pour l’enseignement systématique du vocabulaire :

Principe 1. Donner la priorité au verbe

Principe 2. Associer l’étude de la syntaxe à celle du vocabulaire : pas de mots sans phrases !

Principe 3. Partir du mot et non de la chose

Principe 4 : Partir des mots simples les plus courants

Ce travail a été construit en collaboration avec l’enseignante d’anglais qui est confrontée à cette même nécessité. Il est intéressant de confronter les deux langues car le français est riche en mots polysémiques alors que l’anglais se caractérise par des mots très précis.

Cette expérience s’appuie sur les principes 3 et 4 de Jacqueline Picoche, qui insiste sur la nécessité de travailler en priorité sur les mots polysémiques et sur les mots à haute fréquence. Par exemple en français le verbe marcher est très fréquent et peut avoir plusieurs sens avec comme point commun l’idée de quelque chose de facile et de régulier. Je marche, ça marche. En anglais les verbes sont plus précis : to walk, to work. Dans le même esprit un travail similaire de comparaison avait été entrepris sur les verbes de consignes en anglais et en français.

Pour cet objet d’étude j’ai choisi de créer un abécédaire constitué de nuages de mots en forme de lettres reprenant le champ lexical de l’art contemporain et du jugement. L’activité se fait en deux temps : Collecter ce vocabulaire puis le mettre en image pour susciter une curiosité partagée autour du lexique et la fierté de connaitre des mots que les autres ne connaissent pas.

Le processus d’acquisition du langage comporte 3 étapes : la contextualisation, la decontextualisation et la recontextualisation.

L’objectif de cette séance de lancement est de travailler sur les deux premières étapes :

Étape 1. La contextualisation : les élèves vont rencontrer les mots en contexte. Par groupe ils vont consulter différentes sources en lien avec l’art contemporain et effectuer une collecte de mots en français et en anglais.

Source 1. Trois vidéos très courtes proposées par le site TV5 monde. http://enseigner.tv5monde.com/collection/otto

Il s’agit d’un programme court dédié à l’art contemporain présenté par Otto, gardien de musée, incarné par Tom Novembre. Le principe : une minute, une œuvre, une citation.

Les 3 œuvres choisies pour cette classe sont : Kaikai et kiki de Takashi Murakami, Round Table de Chen Zhen et Moving garden de Lee Mingwei.

http://enseigner.tv5monde.com/fle/kaikai-kiki-de-takashi-murakami

https://www.youtube.com/watch?v=gNp5iR7vkXM

http://enseigner.tv5monde.com/fle/moving-garden-de-lee-mingwei

Source 2. Article vikipedia art contemporain https://fr.vikidia.org/wiki/Art_contemporain

Source 3. Les avis en français et en anglais du site tripadvisor sur le Palais de Tokyo.https://www.tripadvisor.fr/

Le travail doit se faire en co-animation avec l’enseignant d’anglais ou sur deux cours successifs.

Dans notre cas, lors de la mise en commun, les deux enseignants ont élaboré une liste commune pour mettre en évidence Bruno Girard2018-04-29T22:14:00

Il faudrait là aussi être plus précise : quels mots ont été retenus ? Comment ont-ils été classés ? Des fiches lexicales peuvent-elles être proposées ?

le lexique de l’art contemporain, celui du jugement et du goût. A l’issue de ce lancement les élèves avaient collecté du vocabulaire via les différents supports présentés mais aussi abordé la difficulté à définir l’art ou à l’apprécier. La confrontation des différents avis pouvait aussi amener à traiter de la subjectivité du goût.
Lien vers la fiche

Étape 2. La décontextualisation  : on sort le mot du contexte pour opérer un regard particulier sur celui-ci Cette étape se fait au cours de la séquence.

J’ai choisi d’utiliser Wordart. Cet outil permet une mise en image du lexique qui se veut à la fois sérieuse et ludique ; l’espoir est que le vocabulaire se trouve acquis avec plaisir et dans un esprit de partage.

On répartit les 26 lettres de l’alphabet entre les groupes de manière équitable
(certaines lettres telles que w ou z seront plus difficiles à créer). Ils doivent choisir dans la liste des mots recueillis les mots illustrant le mieux le thème ainsi que les plus surprenants ou les moins connus tels que : Approprier, Chromatique, Futile, Narcissique ; Puissant, Résistance ; Virulent. Et en anglais : Weird, Appearance, Ugly. Ils peuvent aussi ajouter d’autres mots collectés lors des séances suivantes ou de leur connaissance.

Lien vers fiche d’utilisation de wordart en ligne

Les 26 lettres obtenues sont ensuite découpées et exposées dans le hall du lycée afin d’amener le plus grand nombre d’élèves à s’interroger sur le sens de certains mots ou le lien avec le thème. Certains élèves de la classe ont également manifesté une certaine fierté à connaitre les mots les moins courants.

Étape 3. La recontextualisation : retrouver le mot et le réutiliser dans un nouveau contexte. Cette étape se fait en cours ou en fin de séquence. Chaque élève devait choisir une œuvre d’art contemporain et la présenter en utilisant au minimum 10 mots de la liste obtenue.

Le bilan de cette expérience : Les élèves sont allés jusqu’au bout du projet ; l’aspect ludique de la création de nuages de mots a permis de maintenir leur investissement. Ils ont eu plus de difficulté à collecter les mots plus complexes mais ont saisi l’aspect multiple de l’art contemporain.

Le choix a été fait de mélanger les champs lexicaux dans les nuages de mots pour correspondre à l’esprit de découverte lors du lancement d’un objet d’étude.

D’autres sélections étaient possibles lors de l’étape 2 car on a finalement recueilli beaucoup de mots. Cette étape est un temps de dialogue et de manipulation des mots. On peut par exemple choisir :

  • de distinguer les différents lexiques (l’art / le jugement / le beau-le laid)
  • de sélectionner 2-3 mots et approfondir leur analyse lexicale (définition, synonymes, antonymes, expressions comportant ce mot...)
  • de repérer les mots polysémiques et réfléchir sur les différents emplois possibles...

Pour aller plus loin il aurait été intéressant de travailler avec des abécédaires plus approfondis tels que https://blog.artsper.com/fr/la-minute-arty/lart-contemporain-de-z-12/. Dans le même esprit, pour chaque lettre-nuage de mots les élèves avaient choisi un mot à mettre en exergue, il aurait été plus judicieux d’ajouter une œuvre.

Enfin les élèves ont eu la chance de participer à une séance de découverte de l’art contemporain proposée par le Fond Régional d’Art Contemporain d’Ile de France. Des médiateurs culturels présentent pendant 1 heure des œuvres d’art originales. Ce partenariat est ouvert à tous les établissements d’Ile de France.

Si vous êtes intéressés :

https://www.iledefrance.fr/sites/default/files/medias/2017/11/documents/dp_flash_collection-saison_2.pdf

Vous pourrez retrouver une présentation plus détaillée des travaux de Jacqueline Picoche et d’autres ressources sur l’enseignement du vocabulaire dans le Padlet associé à cet article.

Le résultat peut interroger quant à ce qui étaitannoncé :vocabulaire de l’artcontemporainou du jugement, ce qui est loin d’être ici le cas. Les mots privilégiésrestent un peu« généraux » et passe-partout sans toujoursrendrecompte de la démarche de ce qui éventuellementfonde les principes de l’artditcontemporain (siprotéiforme, si multiple, si divers)

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