Chloé LAVIEILLE, professeure de Lettres-Histoire
EREA-LEA Martin Luther King – Asnières sur Seine (92)
Classes de CAP Monteur en Installations Sanitaires et de CAP Réalisation en Chaudronnerie Industrielle
Partenaires : Région Ile de France / Mémorial de la Shoah
Le projet a concerné deux classes l’année scolaire 2018 2019 : une classe de CAP Monteur en Installations Sanitaires et une classe de CAP Réalisation en Chaudronnerie Industrielle.
il s’agissait, au sein du sujet d’étude « Guerres et conflits en Europe au XX siècle », de travailler « le génocide juif un crime contre l’humanité » avec les élèves aussi bien en classe qu’en dehors de la classe, de faire connaître cette partie de l’histoire et de sensibiliser à l’antisémitisme.
Un travail préparatoire en bivalence : de Maus à la visite du Mémorial
Avant de partir à Auschwitz, il nous est demandé, par le mémorial de la Shoah, de préparer au mieux nos élèves à ce qu’ils vont découvrir sur place.
J’ai fait le choix d’aborder le génocide juif à travers la bande dessinée Maus d’Art Spiegelman dans le cadre d’une séquence de français et d’histoire rendue possible par la bivalence caractéristique de notre enseignement.
Les élèves ont été aussi invités par le mémorial de la Shoah à visiter le musée parisien accompagnés d’un guide leur expliquant les grandes lignes du génocide juif ainsi que l’organisation et la spécificité d’Auschwitz.
Faire une place au témoignage : de l’histoire à l’Histoire
Quinze jours avant le départ, une visio conférence est organisée afin que les élèves assistent au témoignage d’un rescapé du camp d’Auschwitz. Nous avons pu assister au récit de Milo ADONER, adolescent au moment de sa déportation, seul survivant de sa famille.
Dans une première partie, Milo ADONER raconte son histoire à travers différentes étapes : arrestation, internement, trajet, les camps… Les élèves sont ensuite invités à lui poser des questions. C’est un moment clé dans la préparation des élèves. C’est là que les élèves ont pris la mesure d’Auschwitz et plus largement du génocide juif. Ils prennent peu à peu conscience de la barbarie nazie et de ce qui les attend quelques jours plus tard. De plus, c’est un moment que l’on a pu partager avec d’autres élèves du lycée qui ne partaient pas à Auschwitz mais qui ont été eux aussi bouleversés.
Auschwitz : se laisser saisir par les lieux
Le rendez-vous est donné très tôt à l’aéroport d’Orly afin de rejoindre Cracovie puis de prendre un bus vers le site d’Auschwitz. Aucun des élèves n’avaient déjà été à Auschwitz et certains prenaient même l’avion pour la première fois.
Nous commençons la journée par la Judenrampe puis rejoignons le site d’Auschwitz II, centre de mise à mort, à pied comme le faisaient les déportés avant avril 1944. Les élèves découvrent un site saisissant par son immensité et par l’atmosphère qui y règne. Nous sommes accompagnés par un guide du musée d’Auschwitz et par un guide du mémorial de la Shoah de Paris. Nous découvrons les différentes parties du site avant d’assister à une cérémonie officielle vers midi.
L’après-midi, nous découvrons le site d’Auschwitz I, camp de concentration, et ses baraquements qui ont été transformés en musée par la Pologne. Nous rentrons par son portail tristement célèbre et terminons par la première chambre à gaz construite à Auschwitz et non détruite par les nazis. Cette visite nous retrace l’histoire du camp, les conditions de vie, on y voit les objets confisqués, des photographies …
Nous rejoignons l’aéroport en fin d’après-midi et rentrons à Paris vers 23h.
Vision lycéenne d’Auschwitz : les actes de résistance
Suite à la visite du camp, chaque lycée participant devait réaliser un panneau d’exposition destiné à représenter une vision lycéenne du camp d’Auschwitz. Les élèves ont été rapidement unanimes sur le fait de travailler sur les actes de résistance à Auschwitz. Durant la visite d’Auschwitz-Birkenau, un élève a interrogé le guide sur la résilience et l’absence de résistance des juifs au sein des camps alors que leur nombre était plus important que celui des Allemands. Le guide leur a donc expliqué les différents actes de résistance au sein du camp. En choisissant ce thème, les élèves ont voulu mettre en lumière ces déportés qui ont tenté de résister à la barbarie nazie.
Le temps de l’exposition : rendre compte, partager, témoigner
Fin mars, lors d’une cérémonie au conseil régional d’Île de France, les élèves ont pu découvrir en grandeur nature le fruit de leur travail ainsi que les visions lycéennes des autres lycées. Les élèves ont été très fiers de reconnaître leurs écrits, leurs dessins et de voir leur travail ainsi mis en valeur.
Le mémorial de la Shoah met à disposition cette exposition aux lycées qui ont participé au projet. Nous avons donc reçu cette exposition au lycée durant une semaine au mois de mai. Les élèves ont pu jouer le rôle de guide auprès des autres élèves du lycée mais aussi près de leurs parents ou proches venus voir le travail de leur enfant. La venue de l’exposition permet au projet de rayonner sur l’ensemble de l’établissement, de partager une expérience et de réinvestir tout ce qu’ils ont pu apprendre tout au long de l’année.
Nourrir le projet en classe et hors la classe
Au-delà du projet de visite du camp d’Auschwitz, j’ai fait le choix de réaliser d’autres sorties pédagogiques. La première est un atelier au sein du mémorial de la Shoah sur la bande dessinée Maus étudiée en classe. Le but étant de leur apporter un autre éclairage sur l’écrit d’Art Spiegelman et d’avoir une visite guidée au sein des espaces du musée plus axée sur l’annexion de la Pologne et la ghettoïsation. La deuxième est la visite du camp de Drancy, un des plus grands camps d’internement français et cela permettait aux élèves de comprendre tout le processus de l’arrestation, à l’internement jusqu’à la déportation voire même l’extermination dans un centre de mise à mort comme l’était Auschwitz.,
Inscrire le projet dans la spécialité professionnelle des élèves :
Nous avons le projet de réaliser un cadre en métal, en co-intervention avec les professeurs de chaudronnerie, de plomberie et d’arts appliqués, pour mettre en valeur le panneau réalisé. Les élèves de chaudronnerie réaliseront le cadre et les élèves de plomberie réaliseront des éléments décoratifs à souder sur l’ensemble du cadre. L’idée était de dupliquer les pictogrammes présents sur le panneau afin de représenter la multitude de victimes sur le camp d’Auschwitz. Nous comptons réaliser ce projet en début d’année scolaire prochaine, ce qui coïncidera avec la remise de notre panneau par le mémorial de la Shoah.