Kahoot, un outil de révision ludique et pratique.

, par Mailys Cremaschi

Une des problématiques que nous pouvons rencontrer dans nos classes est la difficulté à faire comprendre à nos élèves que les révisions font partie intégrante de l’apprentissage et de la stabilisation des connaissances.

L’application Kahoot a permis à mes élèves et moi de rendre ce moment de révisions communes plus ludique et moins formel.

1- Points faibles et points forts de cet outil numérique

POINTS FAIBLES

  • Site en anglais
  • Connexion internet stable
  • Vidéo projecteur nécessaire
  • Réponse unique (on ne peut pas sélectionner deux réponses)
  • Qualité aléatoire des quizz proposés sur le site

POINTS FORTS

  • Simplicité d’utilisation et de création
  • Multi supports (tablettes, téléphones, PC…)
  • Ludique
  • Gratuit
  • Rapidité de mise en place
  • Emulation au sein des groupes
  • Nombre de joueurs (jusqu’à 4000)
  • Outil de sondage
  • Méli-mélo (remettre dans l’ordre les propositions selon un critère : chronologie, taille, etc.)
  • Fédération du groupe autour d’un outil pédagogique ludique
  • Développement des attitudes citoyennes (empathie, fair-play, plaisir…)

2-A quoi sert l’application Kahoot ?

« Kahoot est une application en ligne permettant de générer des QCM interactifs. Ces derniers, utilisés en classe sur tablette, Iphone ou ordinateur, donnent la possibilité aux élèves de s’auto-évaluer, tout en visualisant en direct leur degré de réussite ainsi que celui de leurs camarades. Le système est apparenté à celui des boitiers de vote et permet à l’enseignant d’évaluer, pour chaque élève, le degré d’acquisition des contenus étudiés. » (Définition proposée par l’ESPE Lille)

Plus concrètement, dans les différentes séances dans lesquelles nous l’avons utilisé, cet outil a permis aux élèves d’identifier rapidement les points de la leçon qu’ils maitrisaient ou pas.

3- Découverte et utilisation de Kahoot par le professeur

L’onglet « create new kahoot » permet d’accéder à l’interface de création.

Quatre types de quizz sont proposés : le quizz classique, le Jumble (que l’on pourrait traduire par méli-mélo), l’outil de débat et le sondage.

Ma volonté première dans l’utilisation de Kahoot étant d’identifier les besoins des élèves en vue d’une journée d’examen sur plusieurs séquences d’histoire-géographie et de français, j’ai donc choisi de créer un quizz classique.

La prise en main est rapide et intuitive malgré le fait que le site soit en anglais.

Je n’ai pas eu besoin de tutoriel pour utiliser Kahoot mais plusieurs vidéos et fiches sont proposées pour aider les personnes qui découvrent pour la première fois cet outil et qui ne sont pas à l’aise avec un support informatique.

http://www.espe-lnf.fr/IMG/pdf/kahoot.pdf

https://www.youtube.com/watch?v=kDxmYBOun4w

https://www.youtube.com/watch?v=kJTsMryo5BQ

L’avantage de ce générateur de quizz est de pouvoir proposer plusieurs types de supports pour les questions posées (images, texte, vidéo…) cela permet une variété des questions et garde la concentration des élèves.

J’ai donc alterné questions « Texte », questions « Image » et questions « Vidéo » dans le premier quizz de révisions que j’ai créé sur l’objet d’étude « Humanisme et Renaissance »

(Exemple d’insertion d’images) (Exemple d’insertion vidéo)

(Mode édition : création des questions, des réponses, choix du temps, des supports ...)

4-Découverte et utilisation de Kahoot par les élèves

Dès le début du cours j’ai demandé aux élèves de télécharger l’application Kahoot sur leur téléphone. Ils avaient été prévenus à la fin du cours précédent : ils devaient apporter leurs téléphones portables afin de « jouer » avec ce support.

L’application Kahoot nécessite une connexion wifi ou 3G/4G. Certains élèves ont donc fait un partage de connexion afin que tous puissent la télécharger. Sur les deux classes-test, seuls 4 élèves n’ont pas pu accéder à l’outil (deux parce qu’ils n’avaient pas de téléphone portable ou pas assez de batterie, deux parce que le modèle de téléphone était obsolète).

Spontanément les élèves qui n’avaient pas de portable ou ne pouvaient pas l’utiliser se sont mis à côté d’un camarade pour suivre.

Afin de pouvoir jouer au quizz que j’ai créé, les élèves ont lancé l’application et ont inscrit le numéro du quizz projeté au tableau.

Le maitre du jeu (MJ) va voir apparaitre au fur et à mesure des inscriptions le nom des participants et lorsque l’ensemble des joueurs est connu, c’est le MJ qui lance le quizz à l’aide de son clavier.

La première question s’affiche alors et quelques secondes après, des réponses sont proposées aux joueurs.

Un diagramme à bandes est proposé après chaque question ; cela permet un retour immédiat sur les réponses des élèves.

Juste après ce diagramme, un classement temporaire indique les performances de chacun et le nombre de points engrangé.

Kahoot permet au MJ de maitriser la cadence du quizz. C’est un avantage car le professeur va pouvoir utiliser ce curseur temporel selon ses objectifs pédagogiques :

  • Si séance d’apprentissage : le professeur va mettre le jeu en pause et expliquer le concept interrogé dans la question (il pourra prendre appui sur les visuels ou les réponses proposées)
  • Si séance de préparation à un contrôle : le professeur, s’appuyant sur le diagramme, va pouvoir s’arrêter sur les questions problématiques et clarifier les notions étudiées.
  • Si séance de pré-évaluation (voire d’évaluation) : le professeur peut dérouler l’ensemble des questions et avoir un retour sur les connaissances acquises par ses élèves lors de ce chapitre (un fichier récapitulatif et détaillé rassemblant l’ensemble des réponses des élèves est proposé à la fin du questionnaire).

Au-delà de cette « récompense », Kahoot offre une particularité extrêmement intéressante pour faire une remédiation plus structurée des questions posées.

En effet, l’application permet de télécharger les résultats et d’en tirer un tableau Excel avec des données précises que le professeur va pouvoir utiliser

J’ai pu ainsi connaître rapidement les points de la leçon qui avaient été compris par la majorité des élèves de la classe, ceux qu’il fallait absolument revoir…

Le travail de révisions qui s’est déroulé pendant la seconde partie de l’heure a donc pu être individualisé et ciblé. Chaque élève avait pour consigne de noter sur feuille les questions sur lesquelles il s’était trompé, puis d’utiliser à la fois le cours, les manuels et les fiches de révisions que je leur avais transmis quelques jours auparavant, pour trouver la bonne réponse (les élèves devaient rédiger une réponse précise et développée).

Les élèves, étant dans une énergie positive et enthousiaste après ce quizz, ont été moteurs pour combler les quelques lacunes qu’ils pouvaient avoir sur le sujet d’étude [1].

Et quelques jours plus tard, ce même quizz a été « rejoué » : les élèves ont pu constater de manière très concrète, les bénéfices d’un apprentissage régulier des leçons [2] .

En effet, sur les 23 élèves, seule la moitié avait eu un résultat au-dessus de 70% et seuls deux élèves avaient eu un score de plus de 85% lors de la première session.

Sur la seconde session, 15 élèves ont atteint un score supérieur à 75% dont cinq avec plus de 87% de bonnes réponses et deux avec un score parfait. Tous ont eu un score de plus de 60% de bonnes réponses.

Les élèves ont été très surpris de leur mémoire et ont parfois même tenter de relativiser ce résultat en disant « que c’était facile puisqu’on l’avait déjà vu ».

Cela a été l’occasion pour moi de leur expliquer que nos apprentissages étaient une succession de répétitions et d’exercices « identiques » afin qu’ils ancrent ces connaissances et compétences de manière durable et solide.

Ces points gagnés lors de ces quizz ont donné lieu à une bonification lors de l’interrogation (cette fois-ci écrite) afin de valoriser leur travail de recherche.

J’ai pu constater lors de mes corrections que les réponses avaient été plus détaillées et plus fournies de manière générale. Les anecdotes racontées pour éclairer certaines des questions Kahoot ont été réutilisées (parfois maladroitement mais l’effort était visible). La moyenne n’a pas augmenté de manière extraordinaire par rapport aux interrogations habituelle (+0.8pts) mais j’ai pu constater qu’il y avait eu moins de questions mises de côté : la très grande majorité des élèves a fait l’effort de répondre à l’ensemble des questions posées, ce qui est pour moi un grand pas en avant, nos élèves ayant un véritable complexe dans la rédaction.

5:Bilan de l’expérience Kahoot

Dès la première question, les élèves se sont pris au jeu. Ils ont instinctivement compris l’utilisation du téléphone comme télécommande et si quelques-uns ont oublié de valider leur réponse pour le premier essai, aucun n’a fait l’erreur une seconde fois. Les élèves se sont davantage concentrés sur les questions posées et ont pris le temps de BIEN lire les consignes.

Lors de cette partie, J’ai pu constater une énergie de classe extrêmement positive, une ambiance détendue mais pas dissipée.

Dès les questions suivantes, j’ai pu observer chez les élèves une volonté réelle de participer et de répondre au quizz, ils ont pris un réel plaisir à participer aux différents questionnaires que j’ai pu proposer par la suite.

Le fait de lire le score de chacun après chaque nouvelle question posée a créé une émulation importante au sein de la classe. Des défis se sont lancés entre élèves, beaucoup de rires, quelques « auto-énervements » se sont fait entendre lorsqu’ils ne connaissaient pas la réponse ou qu’ils appuyaient trop vite, des taquineries également mais elles ont été toujours fair-play.

Une fois les quizz terminés, nous pouvons visualiser les podiums, moment à la fois très ludique et très « solennel » pour les vainqueurs (des biceps se sont dévoilés).

Ces quizz sont devenus un rituel au sein des classes avec qui je l’ai testé. Il n’est pas rare, lorsque j’ai terminé ma leçon du jour et qu’il reste quelques minutes avant la sonnerie que nous allions sur Kahoot.com. Comme je n’ai pas encore créé des quizz sur l’ensemble de mon programme, nous allons chercher des quizz déjà créés. Plusieurs catégories sont proposées par le site. En utilisant les filtres mis à disposition (langue, quizz créés par des professeurs ou des étudiants…), nous sélectionnons les questionnaires qui nous plaisent : tous ne sont pas de qualité équivalente.

J’ai été surprise de la rapidité avec laquelle les élèves ont adhéré au concept aussi pleinement et avec autant d’enthousiasme, et ce, même si ce sont deux classes qui font preuve de bonne volonté de manière générale.

6-Perspectives d’utilisation

L’idée est que chaque élève puisse proposer un questionnaire et devenir maitre du jeu. C’est d’ailleurs la prochaine étape de cette expérience Kahoot : créer des quizz sur l’un des chapitres d’histoire non encore traité sous cette forme et interroger ses camarades. Plusieurs avantages à cet exercice :

  • Utilisation de l’outil informatique insertion de documents, clavier….
  • Sélection des points essentiels d’une leçon trier des informations, les hiérarchiser…
  • Rédaction d’une question pourquoi une question est rédigée d’une certaine manière et pas d’une autre, quelles sont les attentes du correcteur derrière cette question.
  • Choix des réponses le créateur du quizz choisit les 4 propositions donc doit s’interroger sur le degré de difficulté
  • Apprentissage de la coopération et du travail en groupe les élèves devront communiquer entre eux pour sélectionner les points de leçons qu’ils intégreront au quizz final.

Quelques conseils :

  • Faire attention aux différentes options de réglage du quizz (temps de lecture de la question, temps de réponse…). Des réglages mal maitrisés peuvent rendre le quizz extrêmement frustrant ou ennuyeux.
  • Varier les supports de questions : texte, images fixes, vidéos afin de diversifier le mode de questions. Cela permet aux élèves de rester attentifs au fur et à mesure du quizz tout en comprenant que les documents de nature différente ne s’étudient pas de la même manière.

Notes

[1SEP : sentiment d’efficacité personnelle A. Bandura. Auto-efficacité. Le sentiment d’efficacité personnelle Paris : Éditions De Boeck Université, 2003

[2Je vous renvoie à ce propos aux travaux d’Alain Lieury, Mémoire et apprentissages scolaires, Dunod

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