Au fil des pages de ce journal, l’auteur dresse la fatigue du corps, mentale. Les rares pauses à la campagne, chez lui mais aussi ses collègues de travail qui cassent le rythme de ce chantier.
La difficulté de ce travail, le déclassement, la hiérarchie qui affleure avec l’ architecte, le chef de chantier.
Le bruit, les gestes répétitifs qui font partie intégrante de sa vie.
Grâce aux mots, l’auteur devient poète en évoquant la nature, l’arc en ciel, se réapproprie son corps, sa vie, donne une utilité à ce travail.
Par des fragments plus ou moins longs, on ressent la chaleur, la douleur et parfois l’inhumanité de ce travail de force. Casser, creuser, construire. Faire de la poésie avec le métier, sa dureté, rendre hommage à ceux qu’on ne voit pas. Partager une partie de sa vie et de sa peine.
Un recueil court qui donne à voir le monde du travail, le temps de travail et pour soi différemment.
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Liens avec le programme
Comment concilier l’objectivité d’un temps compté, social, et la vie d’un temps personnel ; comment passer du temps des obligations au temps pour soi ? Comment « prendre » du temps, ce qui signifierait, au lieu de le subir, de se l’approprier ?
Comment prendre en compte les temps de la nature dans lesquels nous baignons ?
Dans Journal d’un manœuvre, Thierry Metz consigne ce temps du travail qui lui échappe et le temps qu’il s’octroie pour penser, ressentir, tisser des liens avec les autres et le monde. C’est dans les mots, par la poésie que Thierry Metz peut se les approprier et les partager.
L’écriture l’extrait du présent éternel imposé par le travail et fait place à la mémoire, la sienne, celle des autres pour l’inscrire dans une continuité.