Télécharger le webinaire pièce jointe (Disponible jusqu’au 28 juin 2023)
Cliquer pour télécharger
Introduction par la présidente d’interlignes
Le Rendez-vous d’interlignes, animation du PAF proposée par l’association des PLP Lettres-histoire-géographie de l’académie de Versailles, s’est tenu le 14 avril 2023 en visio-conférence sur le thème « Aborder les sujets sensibles avec les élèves de lycée professionnel, comment faire ? » Nathalie Germinal et Justine Conde, PLP Lettres-histoire-géographie ont proposé des expériences en histoire et en EMC, Angeline Joyet IEN lettres-histoire-géographie s’est intéressée aux sujets sensibles en littérature. Le rôle de l’expert était tenu par Benoît Falaize, inspecteur général de l’Éducation nationale, spécialiste des questions d’éducation civique et de citoyenneté, de l’enseignement de l’histoire, chercheur correspondant au Centre d’histoire de Sciences Po.
La table ronde : exposés de pratiques et échanges.
- Exposé 1
• Nathalie Germinal présente un projet sur la guerre d’Algérie qu’elle aborde par « la scénarisation ». Les différents groupes travaillent chacun sur le point de vue d’un acteur de cette guerre. Ils ont à leur disposition des sources variées avec trois types de récit : le témoignage, le récit historique, le récit littéraire puis les élèves produisent un texte pour exposer le point de vue de leur acteur.
Nous vous renvoyons à son article « La scénarisation un outil pédagogique pour aborder la guerre d’Algérie » dans le numéro 53 de la revue et au replay de la visio-conférence.
• Quelques éléments de reprise par Benoît Falaize
Cette démarche d’enseignement de l’histoire « est efficace » car elle « n’est pas désincarnée, c’est de la vraie vie ». La scénarisation introduit « des points de vue différents, l’utilisation de plusieurs registres, le récit, l’analyse des points de vue très différents … », elle permet de « se mettre à la place de … ».
• Quelques remarques des participants
Les participants ont fait préciser les modalités du travail de groupe et la répartition des acteurs attribués aux élèves.
• voir Diaporama annexe 1
- Exposé 2
• Justine Conde évoque une séance d’EMC à l’occasion de la commémoration
de la mort de Samuel Paty où elle a osé jouer la carte de l’émotion : celle de l’enseignante qui lit un texte que lui a inspiré ce drame, celle des élèves qui s’affiche dans un « livre d’or ». Elle utilise le livre d’or comme outil de partage, d’écoute, et de tolérance. Cette séance s’appuie sur l’articulation des émotions avec une réflexion sur la notion de liberté. Nous vous renvoyons à son article « La commémoration de la mort de Samuel Paty, sujet sensible » dans le numéro 53 de la revue, et au replay de la visio-conférence.
• Quelques éléments de reprise par Benoît Falaize
« Ayant vécu les attentats au ministère de l’Éducation nationale », il a été « très touché » par cette présentation. « Se mettre à nu, montrer sa sensibilité et toucher les élèves c’est une posture de professeur qui se met à égalité avec les élèves. C’est le pari de l’éducabilité porté par le collectif de l’ouvrage Territoires vivants de la République » qu’il a dirigé (voir les indications bibliographiques).
• Quelques remarques des participants
Les interrogations ont concerné surtout l’usage du livre d’or dans la classe, le recueil des émotions et la posture de l’enseignant lorsqu’il aborde une question « vive ». Les remarques suggèrent des exemples de situations à retenir pour aider à trouver les mots.
Bruno Girard souligne que « le médium fictionnel, celui de la littérature, peut aussi nous aider à trouver les mots avec d’autres humains. Les poèmes lus par les élèves de Segpa de Chatou récemment au Panthéon nous ont tous montré combien chacun peut aussi être touché, affecté, révolté, et peut aussi s’inscrire dans un collectif fait d’hommes et de femmes avant tout ».
• voir Diaporama annexe 2
- Exposé 3.
• Angeline Joyet envisage la place des questions « sensibles » en cours de
français et la relation étroite entre textes de littérature et textes « sensibles ». Elle soulève la question problématique de la modernisation des œuvres littéraires pour éviter d’offenser ; ce que pratiquent les démineurs littéraires dans les maisons d’édition. Après avoir interrogé les programmes de LP, montré les enjeux de l’enseignement de la littérature, elle rappelle que « les objets d’étude des nouveaux programmes n’ont pas évacué les sujets sensibles. Il y a des sujets délicats. Il faut que les professeurs évitent de figer les postures : les élèves voudraient parfois dire quelque chose sur des sujets d’un texte … » Elle termine avec des clés pour aborder la littérature sensible, notamment « Dora Bruder » de Patrick Modiano et quelques pistes bibliographiques.
Nous vous renvoyons à son article « Oser la littérature et les questions sensibles en LP », en particulier à la bibliographie proposée en fin de cet article du numéro 53 de la revue et au replay de la visio-conférence.
• Quelques éléments de reprise par Benoît Falaize
« L’avantage de la littérature c’est qu’elle ouvre à l’éthique. Si on passe par la littérature il y a quelque chose qui s’ouvre car on accepte la part d’émotion ».
Dans sa conclusion générale Benoît Falaize rappelle « qu’en parlant des sujets qui fâchent, on est là dans une école de la Démocratie ; par ces sujets, on est au cœur des valeurs. Depuis le début de l’école de la République on a des sujets « sensibles ». … »
Nous vous renvoyons à son article « Les questions socialement vives au prisme des enjeux scolaires contemporains » dans le numéro 53 de la revue et au replay de la visio-conférence.
• Quelques remarques des participants
Elles soulignent l’importance du questionnement des textes :
• Yves Zarka : « Questionner le texte, cela s’apprend : ce n’est pas répondre aux questions du professeur mais faire questionner le texte par les élèves… »
• Christine Eschenbrenner : « Ne pas éviter le choc des contradictions et des paradoxes (ex : Céline, auteur et de Voyage au bout de la nuit et de pamphlets antisémites) C’est partie intégrante de la réflexion de fond ».
• Bruno Girard : « Au moins peut-on espérer que les questionnements trouvent place au contraire dans la classe. Si l’école recule ou renonce, quelle réponse les jeunes en construction trouveront-ils et où ? Sur les réseaux sociaux ? Anna Arendt disait que si nous ne transmettons pas le monde à nos enfants, (le monde, c’est-à-dire son sens ou le sens qu’une vie humaine peut y prendre), ils le détruiront. Si nous ne répondons pas à la question du sens, à n’en pas douter, les élèves s’en iront hors de l’école vers d’autres mondes, plus sauvages, que leur ouvre maintenant internet, pour y trouver des réponses ».
« Les séries, les arts, les textes lus aux autres tout est vecteur à aborder des questions humaines, sociétales, politiques, philosophique. La langue aussi est un objet où les questions « vives » peuvent s’inviter sans qu’on s’y attende ».
• Voir Diaporama annexe 3
Annexes
Annexe 1 Nathalie Germinal « La scénarisation un outil pédagogique pour aborder la guerre d’Algérie »
Annexe 2 Justine Conde« La commémoration de la mort de Samuel Paty, sujet sensible »
Annexe 3 Angeline Joyet « Oser la littérature et les questions sensibles en LP »
Quelques éléments bibliographiques
• L’enregistrement de ce Rendez-vous d’interlignes a été réalisé par Marie-
Anne Bernolle (chargée de mission auprès de l’inspection pédagogique de lettres, académie de Versailles)
• Nous vous renvoyons aux articles du numéro 53 de la revue interlignes juin 2023.
• Quatre questions à Benoît FALAIZE sur l’ouvrage collectif « Territoires vivants de la République », La Découverte, 2018. Voir la page : https://institut.fsu.fr/parce-que-chaque-eleve/
• François MURATET, « Tu dormiras quand tu seras mort », roman, éditions
Joëlle Losfeld, 2018.
• Podcast de l’émission Les Matins, France Culture du vendredi 10/03/2023 :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-matins?p=3
• Numéro 197 de la revue Le Français Aujourd’hui, « Littérature et valeurs »,2017.
Adhésion à l’association interlignes
Rejoignez-nous en adhérant à Interlignes (la cotisation est de 5 euros/an) en faisant la demande sur interlignes.association@gmail.com