Table ronde : exposé de pratiques et échanges
- Qu’est -ce qu’un AQT ?
Bruno Girard, IEN de lettres qui a adapté au LP ce dispositif venu du premier degré, en explicite le fonctionnement.
Ces ateliers, à l’origine créés dans le premier degré par Alain Bentolila, ont pour objectif d’améliorer la compétence « comprendre », essentielle pour réussir à l’école quelle que soit la discipline. Il insiste sur la nécessité de conscientiser des réflexes, de mettre en place des stratégies pour se saisir du sens d’un texte. Il redonne toute son importance au statut de l’erreur qui doit être prise en compte pour servir à progresser. C’est dans l’académie d’Amiens qu’il a adapté la démarche des AQT en l’adaptant au public du lycée professionnel et en élargissant les supports de lecture des textes littéraires fictionnels aux textes documentaires et aux images.
- Des professeurs et des élèves en atelier de questionnement de texte.
Deux courtes vidéos illustrent les différents moments d’un AQT.
Avec Gilles Conan la lecture silencieuse et les hypothèses de lecture dans une classe de baccalauréat professionnel au lycée Jacques Prévert de Versailles
Avec Emmanuelle Sapin le retour sur le texte, la lecture à haute voix par le professeur et prise de recul sur les processus d’apprentissage et de compréhension (métacognition) dans une classe de troisième prépa professionnelle au Lycée Viollet-le-Duc de Villiers-Saint-Frédéric.
- Échanges à partir des questions posées entre les participants, les intervenants et Bruno Girard.
Plusieurs questions ont fait l’objet d’explications et ont permis de mieux comprendre la démarche :
– sur les effectifs en AQT et l’importance du petit groupe permettant la participation de tous les élèves et instaurant un « débat démocratique »,
– sur le temps consacré aux AQT qui est du temps gagné puisque les élèves progressent en lecture,
– sur la préparation et le prolongement des ateliers,
– sur l ’implication des élèves,
– sur le transfert des compétences acquises en AQT dans d’autres domaines,
– sur la différence entre questionnaire et questionnement,
– sur le passage du « sujet texte » au « sujet lecteur »,
– sur l’organisation : Bruno Girard commente la fiche de préparation de Gilles Conan.
Emmanuelle Sapin et Gilles Conan ont accepté de partager leurs fiches de préparation. (Fichiers joints ci-dessous )
Les intervenants répondent dans ce compte-rendu à deux questions qui n’avaient pu être prises en compte mais nous semblent importantes :
- Comment lier la compréhension de texte (AQT) aux autres étapes de la lecture,
l’analyse et l’interprétation ?
– Gilles Conan. La logique de l’AQT est de poursuivre par la suite l’exploration du texte. Dans ma pratique, j’utilise souvent l’atelier comme une étape vers une évaluation du texte à proprement parler. Il arrive parfois que les élèves dépassent l’explicite lors de l’atelier en entamant déjà cette démarche d’interprétation.
– Emmanuelle Sapin. Les AQT précèdent l’analyse interprétative : ils permettent de mettre en évidence auprès des élèves les processus de compréhension et de bien les distinguer du processus d’interprétation qui peut les conduire parfois à des lectures "dérivantes" sur le sens même. Il est donc important d’expliciter l’objectif de l’AQT en amont et en aval de prendre un temps de métacognition pendant lequel les interprétations qui auront tout de même surgi seront conservées pour la suite
Au moment de l’analyse, le travail de repérage qui aura été mené pendant l’AQT sera précieux : en effet, les élèves éprouvent souvent des difficultés à saisir ce qui, dans le texte, leur permet de répondre à une question d’analyse. Ils ont tendance à "globaliser" leurs réponses, à le regarder d’un peu trop loin, ce qui conduit à des erreurs d’interprétation. Le recours systématique au texte, comme appris lors de l’AQT, permet d’éviter cet écueil et de leur apprendre à vraiment s’appuyer sur le texte (et à le citer le cas échéant, ce qui demeure toujours un défi !).
- Vu les habitudes scolaires dans quelle mesure les élèves se saisissent-ils de
la colonne. « on ne sait pas encore » ? Le font-ils facilement ou faut-il un accompagnement du professeur ?
– Gilles Conan. C’est vrai que cette colonne "on ne sait pas" nécessite souvent un accompagnement du professeur. Les colonnes "oui" et "non" sont davantage comprises des élèves dans une logique binaire. Si les élèves sont dans une confrontation des points de vue (le oui contre le non), il faut alors les amener à conclure que le groupe n’a pas réussi à trancher ce détail du texte. Finalement, c’est un atelier très démocratique car tout le monde peut s’exprimer. On peut même faire voter les élèves : Qui est d’accord ? Pas d’accord ? Qui ne sait pas ?
– Emmanuelle Sapin. Un accompagnement du prof est bien entendu nécessaire pour placer les réponses des élèves dans les bonnes colonnes et en particulier dans la colonne "on ne sait pas" dans la mesure où bien souvent les élèves ne savent pas qu’ils ne savent pas. Lorsque la réponse ne suscite ni adhésion ni rejet (les deux autres colonnes) ou que les élèves ne fournissent aucune réponse, je note pour ma part la question dans la colonne "on ne sait pas" et explique aux élèves que c’est au cours du processus de repérage des autres réponses qu’ils finiront par trouver, ce qui se produit d’ailleurs régulièrement. Là encore, la pause métacognitive permet de baliser comment s’effectue le processus de compréhension lorsqu’on lit un texte.
- Des AQT en histoire, en géographie
Aurore Lecomte reprend une des propositions de Bruno Girard en envisageant des supports et des questionnements en histoire et en géographie.